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Tout comme l’écriture cherche un objet, le travail de Louma cherche un contexte pour se déployer, une opportunité.

Ses formes, géométriques (parfois géométrisées), et les couleurs qu’elle applique en monochromes opaques, viennent proposer des situations qui mettent en exergue l'espace dans lequel elles se déploient.

 

Sa pratique oscille entre des installations in situ (souvent conçues spécifiquement pour un lieu donné) et des expérimentations, des processus à plus long terme travaillant notamment une collection d’images glanées un peu partout (cartes postales, impressions ratées, etc.).

 

Ses sculptures et installations ont un lien indéniable avec l’architecture que ce soit en s’immisçant à l’intérieur de celle-ci pour la mettre en valeur (Sans titre, 2015 pour l’exposition Tropisme(s) 6) ou en la rejouant sous une forme plus ludique, miniaturisée comme pour la pièce De deux choses l’une (2015). Dans cette dernière, un puzzle de structures en trois dimensions viendra, chaque soir, reprendre sa forme initiale sur un plan rouge au sol, version homothétique de l’espace d’exposition. 

 

Du plan à l’élévation donc. Elle passe d’ailleurs souvent des heures à représenter les formes qu’elle souhaite atteindre par le volume (Des constructions, 2015). Parfois, c’est le volume qui émerge de lui-même comme lorsqu’elle recrée une sorte de maquette évolutive, une proto-architecture via le simple empilement de feuilles de papier, stratification d’une année de collecte d’impressions ratées (Tricots, 2014). Ce type d'empilement se fait aussi colonne de soutènement poétique et ‘désuète’ (Supports, 2015).

 

Ses pièces jouent, se jouent de l’espace dans lequel elles se trouvent. Lorsque l’on entre dans leur lieu de monstration (une galerie, une chapelle, le fond d’un jardin...) elles font écran tels des trompe-l’œil minimalistes. Mais cette platitude apparente est un leurre, elle n’est là que pour forcer le regardeur à s’approcher, tourner autour pour retrouver le point de vue permettant d’apprécier l’œuvre dans tout son volume, dans toute sa profondeur. Les pièces de Louma remettent l’espace en perspective. 

 

Remettre les choses en perspective, c’est aussi ce qu’elle s’attachera à faire lors d’un voyage en Espagne qui sera l’occasion pour elle de créer le fac simile d’un dépliant touristique présentant les vues de monuments historiques de Ségovie. Images qu’elle se chargera de retrouver, patiemment, l’une après l’autre, arpentant le paysage pour retrouver le point de vue original ; à la recherche de ce qui, de l’image touristique idéalisée, perdure ou se perd dans le temps.

 

 

Marina Guyot

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